La “controversée” gare de Mons
Histoires de gares… La controversée gare de Mons
À quelques jours de l’inauguration officielle de la nouvelle gare de Mons, il convient de tordre le cou à certaines idées reçues.
Non, le budget de la gare de Mons n’est pas passé de 37 à 480 millions d’euros. Il y a eu un premier projet, celui de construire une passerelle enjambant les voies ferrées séparant le nouveau quartier des Grands-Prés du centre-ville de Mons combiné à la rénovation de la gare existante. Un concours a été organisé, remporté par l’artiste architecte renommé Santiago Calatrava. Cette passerelle aurait coûté 37 millions. Mais ce n’est pas ce qui a été construit.
Il a été décidé de réaliser, à la place de la passerelle, une nouvelle gare-passerelle estimée à 220 millions d’euros. Un montant raisonnable, puisque la gare de Liège-Guillemin à coûté plus de 400 millions. Au Nord, de coûteux travaux de rénovation ont été réalisés pour un montant de 1milliard 790 millions, soit 775 pour la gare d’Anvers, 595 pour celle de Gand et 420 pour la gare de Malines.
Les dépassements conséquent des délais et du budget résultent en grande partie de la faillite (contestée) de la société chargée de la construction de la passerelle de 165 mètres servant de support à la gare elle-même. Selon la Cour des comptes, “les actes matériels pour la passation du concours de projets et du marché de services d’architecture ont été conformes à la législation relative aux marchés publics. La Cour des comptes constate toutefois que la désignation du lauréat du concours (Calatrava) est entachée de lacunes en termes de transparence, d’égalité et de mise en concurrence.
Le résultat est un bâtiment pharaonique. En y entrant pour la première fois, j’ai eu l’impression d’entrer dans une cathédrale. L’architecte se serait inspiré de la collégiale Sainte-Waudru. On est étonné de la volonté d’impressionner, généralement réservée aux églises ou aux palais de justice. Cette émotion passée, je me suis demandé l’utilité d’une gare de 165 mètres de long, qui devrait coûter 1 million par an à l’entretien, sans même une salle d’attente. En fait, il y a peu de places assises : environ 8 places par quai dans la gare elle-même, deux petits kots de 8 places chacun par quai. Sinon, on aura le choix entre s’asseoir dans le froid sur les quais ou patienter debout. Bien sûr, si on a le temps et les moyens, on pourra toujours s’installer au Starbucks ou chez Panos. Les cyclistes se plaignent de ne pas pouvoir traverser cette gare-passerelle en restant sur leur monture. Une combinaison passerelle + gare aurait été plus raisonnable financièrement et pratiquement.

Côté positif, on notera l’accessibilité, c’est-à-dire tous les quais sont surélevés et accessibles par un ascenseur ou une rampe, qu’elle est équipée de lignes de guidage pour les personnes aveugles et malvoyantes, et qu’au moins un automate de vente est accessible à tous. On soulignera aussi l’intermodalité avec des parkings souterrains pour voitures et vélos, l’intégration des bus des TEC. On pourra aussi se rassasier, ou effectuer quelques emplettes dans les commerces qui devraient finir de s’implanter prochainement. Enfin, last but not least, les aménagements de part et d’autre de la gare côté place Léopold et hôtel van der Valck sont réussis, et plus besoin de bus pour se rendre aux Grands-Prés !
La gare de Mons devrait être la dernière construction de cette ampleur. En 2022, la Sncb a absorbé Eurogare, maître d’œuvres des derniers projets de gares, pour “ contribuer à une gestion plus efficace et moins coûteuse. La SNCB a, depuis 2018, implémenté un système centralisé de gestion des projets d’investissements de gares. Ce profond changement dans le suivi des projets a pour objectif de respecter rigoureusement l’étendue initiale des projets, leur budget et le timing prévu des travaux. De même, la SNCB a développé et implémenté ces dernières années une standardisation des équipements en gare et du concept de bâtiment de gare, en phase avec l’évolution des attentes de ses voyageurs et des enjeux sociétaux de demain. Un changement qui doit permettre d’intégrer les gares dans leur environnement local et permettre une évolution en fonction des nouveaux besoins de ses usagers grâce à leur nature modulable.”
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